22

 

Les voix des profondeurs moururent environ une heure avant le lever de l’aube et Falcon se consacra alors aux préparatifs de cette deuxième journée. Le Kon-Tiki n’était plus qu’à cinq mille mètres de la couche de nuages, la pression extérieure atteignait dix atmosphères et la température était tropicale : trente degrés centigrades. Un homme aurait pu évoluer confortablement dans un tel milieu, à condition de disposer d’un masque et de réservoirs contenant un mélange approprié d’héliox.

Le Contrôle de mission ne s’était pas adressé à lui depuis plusieurs minutes, mais peu après que le soleil eut embrasé les nuages la voix d’Im résonna dans l’habitacle :

— J’ai de bonnes nouvelles à vous annoncer, Howard. Au-dessous de votre appareil le banc de nuages se déchire et vous bénéficierez d’une éclaircie partielle dans une heure. Vous devrez vous méfier des turbulences.

— J’ai déjà remarqué quelques perturbations. Le ciel sera dégagé jusqu’à quelle profondeur ?

— Une vingtaine de kilomètres, la deuxième thermocline. Là en bas la couverture nuageuse est très dense… elle ne se dissipe jamais.

Ce que Falcon savait déjà. Il savait aussi que cette zone lui resterait inaccessible. À son altitude la température devait dépasser cent degrés. Il lui vint à l’esprit que c’était sans doute la première fois que pour un aérostier les dangers résidaient dans les couches inférieures de l’atmosphère et non au-dessus de lui.

Dix minutes plus tard il découvrit à son tour ce que le Contrôle de mission avait déjà pu constater depuis son point d’observation éloigné. Près de l’horizon les couleurs se modifiaient et les nuages s’effilochaient, comme lacérés. Il augmenta la puissance de la torche nucléaire de deux graduations pour faire remonter le Kon-Tiki de cinq mille mètres et mieux voir le phénomène.

Sous lui le ciel se dégageait rapidement, comme si quelque chose dissolvait les formations nuageuses. Des abysses s’ouvraient sous ses yeux. Un instant plus tard il franchit le rebord d’une gorge immatérielle de vingt kilomètres de profondeur sur un millier de large.

Un nouveau monde apparaissait à l’aplomb de la capsule. Jupiter venait de se dépouiller d’un de ses nombreux voiles. La deuxième couche de nuages, trop basse pour être accessible, possédait des couleurs plus sombres que la précédente : presque rose saumon et tachetée de petites îles rouge brique. Ces dernières avaient une forme ovale et étaient orientées d’est en ouest dans le sens de leur longueur, la direction des vents dominants. Il y en avait des centaines, et toutes avaient approximativement la même taille. Elles lui rappelaient les petits cumulus joufflus qui traversaient les cieux de la Terre.

Il réduisit la force ascensionnelle du Kon-Tiki qui entama sa chute le long de la paroi de la falaise en cours de dissolution.

Ce fut à cet instant que la neige attira son attention.

Il voyait des flocons se former dans l’atmosphère puis descendre lentement. Mais la température était bien trop élevée et la vapeur d’eau presque inexistante. En outre, ils ne scintillaient pas et n’avaient aucun éclat. Quand quelques-uns d’entre eux se posèrent sur les pylônes visibles du hublot principal, il put constater qu’ils étaient blanc terne et opaques, gros de plusieurs centimètres, et qu’ils n’avaient pas une structure cristalline. Ils lui firent penser à des grumeaux de cire.

Et il eut tôt fait de comprendre qu’il avait vu juste. Autour de lui, une réaction chimique condensait les hydrocarbures en suspension dans l’atmosphère.

Sur l’avant, à une centaine de kilomètres de distance, une perturbation apparaissait dans les nuages. Les îlots ovales rougeâtres entamaient un parcours en spirale, un mouvement cyclonique bien connu des météorologues. Le tourbillon se formait avec une rapidité sidérante et Falcon ne put s’empêcher de penser que s’il allait au-devant d’une tempête il allait également au-devant de sérieux ennuis.

Puis son inquiétude se changea en émerveillement… et en peur.

Ce n’était pas un ouragan mais une chose énorme – de plusieurs vingtaines de kilomètres de diamètre – qui s’élevait au sein des nuages.

Il ne put se raccrocher qu’un très court instant à la pensée rassurante qu’il s’agissait peut-être d’un cumulus bourgeonnant. Non, ce qu’il voyait était solide et cela s’ouvrait un passage dans les nuées roses et saumon tel un iceberg grimpant des abysses.

Un bloc de glace plus léger que de l’hydrogène ? Impossible. Mais l’analogie n’était peut-être pas dénuée de tout fondement. Il braqua son œil télescopique sur l’énigme, puis en fit autant avec les systèmes optiques du Kon-Tiki pour que le Contrôle de mission reçût la même image. Il put ainsi constater que c’était une masse blanchâtre démesurée striée de rouge et de brun. Il finit par conclure qu’elle se composait de la même substance que les « flocons de neige ». Il avait sous les yeux une montagne de cire.

Et sans doute n’était-elle pas aussi solide qu’il l’avait tout d’abord supposé car son pourtour ne cessait de s’effriter pour se reconstituer aussitôt…

Ceux du Garuda l’assaillaient de questions depuis plus d’une minute et il décida de répondre :

— Je sais ce que c’est, fit-il sur un ton catégorique. Un conglomérat de bulles, une sorte d’écume, de la mousse d’hydrocarbures. Les chimistes vont pouvoir s’amuser… Un instant !

— Que se passe-t-il ? s’enquit Im d’une voix calme mais pressante à la fin du délai de transmission. Que voyez-vous, Howard ?

Falcon entendait Brenner débiter des chapelets de paroles en arrière-plan, mais il fit abstraction de ses questions pour concentrer son attention sur l’image télescopique fournie par son œil modifié. À retardement, il réajusta le réglage des instruments d’optique. Il avait une idée… mais il devait s’assurer de son bien-fondé s’il ne voulait pas courir le risque de devenir la risée de ceux qui suivaient la retransmission de cette aventure dans tout le système solaire.

Finalement, il se détendit, regarda l’horloge et interrompit la voix insistante qui lui parvenait du Garuda.

— Ici Howard Falcon qui appelle le Contrôle de mission depuis le Kon-Tiki, dit-il en respectant les procédures prévues. À l’éphéméride du bord, il est dix-neuf heures vingt et une minutes et quinze secondes. Latitude zéro degré cinq minutes nord. Longitude cent cinq degrés quarante-deux minutes… Si le Pr Brenner est présent, pourriez-vous l’informer qu’il y a des formes de vie sur Jupiter ? Et qu’elles sont bien plus grosses qu’il ne l’avait prévu.

— Je suis ravi de m’être trompé, répondit Brenner, apparemment sincère malgré la véhémence avec laquelle il avait jusqu’alors défendu son point de vue. Voilà qui nous confirme que Dame Nature nous réservera toujours des surprises, pas vrai ? N’interrompez surtout pas la transmission de ces images, d’accord ?

Si Falcon avait eu un penchant pour l’ironie, sans doute se serait-il demandé ce que l’exobiologiste s’attendait à le voir faire en un pareil instant. Mais il n’avait jamais eu le sens de l’humour.

Il régla avec minutie un télescope stabilisé et regarda l’image sur la vidéoplaque avant d’en faire autant avec son œil. Il ne discernait pas les détails de ce qu’il voyait gravir et descendre les pentes de l’énorme bloc de cire, mais ces choses devaient être démesurées pour qu’il pût simplement les voir à une pareille distance. Presque noires, en forme de pointe de flèche, elles se déplaçaient en faisant lentement onduler leur corps, telles des mantes géantes évoluant au-dessus de récifs coralliens tropicaux.

Peut-être s’agissait-il de créatures comparables aux herbivores terrestres qui paissaient dans les pâturages célestes de Jupiter, car elles semblaient brouter les traînées brun-rouge qui striaient comme des lits de rivières taries l’île de cire flottante. Parfois, l’une d’elles plongeait tête la première dans la montagne d’écume et y disparaissait.

Le Kon-Tiki se déplaçait lentement, par rapport aux nuages visibles en contrebas, et il lui faudrait au moins trois heures pour atteindre ces collines aériennes. Falcon faisait la course avec le soleil et espérait que la tombée de la nuit ne l’empêcherait pas de voir de plus près ces mantes – pour reprendre le nom qu’il leur avait donné – et le paysage fragile au-dessus duquel elles évoluaient.

Le com grésilla.

— Howard, lui dit Im, croyez bien que c’est à contrecœur que je vous laisse, mais c’est l’heure de la relève. Quant au Pr Brenner, il vient de commander un litre de café et je présume qu’il a la ferme intention de ne pas vous fausser compagnie de sitôt.

— C’est exact, confirma l’exobiologiste, jovial.

— Je salue toute l’équipe du Contrôle de vol, et également sa relève.

— Salut, Howard.

C’était la voix de David Lum, un Chinois de Ganymède qui participait au programme spatial indoasiatique depuis très longtemps.

— Nous avons dû employer la force pour faire sortir Budhvorn, ajouta-t-il. Elle ne voulait pas rater la suite du programme.

Une suite qui fut longue à venir… trois heures interminables pendant lesquelles Falcon garda les micros externes du Kon-Tiki réglés sur leur sensibilité maximale. Il se demandait si les mantes n’étaient pas à l’origine des grondements entendus au cours de la nuit. Elles lui semblaient assez volumineuses pour pouvoir émettre de tels sons. Lorsqu’il eut la possibilité d’évaluer leurs dimensions avec plus de précision, il découvrit que l’envergure de leurs ailes atteignait près de 300 mètres ! Trois fois plus que la plus grosse des baleines, et sans commune mesure avec les mantes de la Terre qui ne pesaient que quelques tonnes.

Finalement, une demi-heure avant le coucher du soleil, le Kon-Tiki se retrouva à l’aplomb du bloc de cire montagneux.

— Non, répondit-il aux questions que Brenner répétait sans cesse. Ces créatures n’ont toujours pas réagi à ma présence. Elles ne semblent pas posséder un esprit très vif et me feraient presque penser à des moutons. Mais même si elles voulaient me prendre en chasse, je ne les crois pas capables de grimper jusqu’à moi.

Il était un peu déçu de constater que les mantes ne manifestaient pas le moindre intérêt à son égard, alors qu’il survolait leurs pâturages. Peut-être ne pouvaient-elles pas détecter sa présence. Il ne discernait presque aucun détail et même les photogrammes du télescope traités par les systèmes de correction informatiques ne révélaient rien qui ressemblât à un organe sensoriel. Ces choses n’étaient que des ailes delta noires démesurées qui se déplaçaient par des mouvements ondulatoires au-dessus de collines et de vallées guère plus matérielles que les nuages de la Terre. Cette île flottante paraissait solide, mais il savait que s’il avait été se promener à sa surface il serait passé au travers comme si c’était un cerf-volant en papier de soie.

Il voyait à présent les myriades de cellules, ou de bulles, qui constituaient cet amas. Certaines devaient atteindre un mètre de diamètre et Falcon se demandait dans quel chaudron de sorcière ces hydrocarbures avaient été préparés. Il y avait sans doute assez de produits pétrochimiques dans les profondeurs de l’atmosphère jovienne pour pourvoir aux besoins de toute l’humanité pendant un million d’années.

La brève journée tirait à sa fin et la lumière décroissait au pied des collines de cire quand le Kon-Tiki franchit leur crête. Il ne vit pas une seule mante sur le versant ouest et, pour une raison inconnue, la topographie des lieux changeait radicalement. Ici, l’écume formait de longues terrasses planes rappelant l’intérieur d’un cratère lunaire. Falcon eut l’impression d’avoir sous les yeux les marches d’un escalier prévu pour des Titans qui descendait jusqu’à la surface cachée de la planète.

Sur le plus bas de ces gradins, près des nuages tourbillonnants que la montagne avait repoussés en s’élevant dans le ciel, apparaissait une masse à peu près ovale de cinq ou six kilomètres de largeur. Guère plus sombre que la mousse gris pâle sur laquelle elle reposait, elle était difficile à discerner. Il eut une pensée absurde : il crut que c’était une forêt d’arbres décolorés, ou de champignons géants qui n’auraient jamais reçu la lumière du soleil.

Et il s’agissait bien d’une forêt ! Des centaines de troncs filiformes se dressaient hors de l’écume cireuse blanchâtre dans laquelle ils prenaient racine. Et la densité de cette plantation le sidérait : les fûts se touchaient presque. Peut-être n’était-ce pas un bois mais une seule plante démesurée comparable aux figuiers des banians orientaux. Autrefois, à Java, il en avait vu un qui, avec ses racines adventives, mesurait plus de 650 mètres de diamètre. Celui qu’il avait à présent sous les yeux était au moins dix fois plus grand.

Les ténèbres descendaient sur ce monde et la lumière réfractée faisait virer le panorama de nuages au pourpre. Dans quelques secondes, même cette luminescence aurait disparu. Et dans le crépuscule de cette deuxième journée passée dans l’atmosphère jovienne, Howard Falcon vit – ou crut voir – une chose qui l’incita à remettre en question son hypothèse sur la nature de l’ovale blanchâtre et stimula son imagination d’une façon impossible à analyser au niveau du conscient.

Sauf si la pénombre faussait complètement ses sens, ces centaines de troncs effilés se balançaient en synchronisme parfait, tels des cordons de varech agités par le ressac.

Et ils n’occupaient plus l’emplacement où il les avait vus lors de son arrivée sur ce versant.

 

Méduse
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